Sur la route de Sableval.

Les rumeurs devaient courir depuis bien des semaines pour qu'elles soient parvenues jusqu'à SouffleFeu, à l'est des frontières érithiennes, au delà du Royaume de Palisandre. Certaines racontaient que la prophétie du sceau était sur le point de s'accomplir, d'autres qu'Elysand était enfin réapparut. D'autres encore racontait que le sortilège jeté sur l'Edilie commençait à s'affaiblir et qu'il était désormais possible, en cherchant bien, de trouver une brèche permettant d'entrée et de sortir à sa guise de la contrée. Nul, cependant, ne semblait avoir encore trouvé cette fameuse brèche, du moins pas à la connaissance de la jeune semi-elfe.
De nombreuses rumeurs, peut être pas si infondées qu'il n'y paraissait. Oiavalya décida donc de quitter le havre de paix que SouffleFeu représentait pour elle, et de rallier Sableval, dans un premier temps, afin d'en apprendre plus. On disait qu'Elysand y avait été aperçu à maintes reprises, et si quelqu'un pouvait lui en apprendre plus concernant le Sceau, c'était bien lui.

Elle prépara donc son paquetage: quelques vêtements de rechange, quelques victuailles pour la route, quelques piècettes, et ses armes: Son arc et son carquois remplis de flèche, ainsi que la dague qui avait appartenue à son père, avant son décès lors de la Guerre entre l'Umarae et l'Erithie.
Elle sortit de sa chambre, cherchant le regard d'Estrel, le vieil ermite elfe qui l'avait accueillie lorsqu'elle avait perdue sa famille. Celui-ci, le regard perdu dans son verre de nectar d'Ambroisie, ne leva pas la tête.

*Bourru et fier jusqu'au bout...* pensa-t-elle en soupirant.

"Je pars dès maintenant, Estrel", l'avertit-elle néanmoins.
Il lui répondit par un vague grognement quasiment inaudible, et elle quitta les lieux d'un pas rapide.

*Parfois, si ce n'était tes oreilles en pointe et ta silhouette sinueuse, je pourrais bien croire que tu es plus fils de nain qu'un nain lui-même!* se dit-elle avec un sourire mélancolique.
Elle longea la maisonnette, et pris la route de Sableval d'un pas décidé.

Mélisande attendait un bord d'un chemin, sous un arbre, que lui apparaissent la jeune femme dont elle avait rêvé il y avait de ça quelques années. A l'époque elle n'y avait pas prêté attention plus que de raison, ses songes la menant souvent à des êtres de fort potentiels.

Mais les signes ne trompaient pas et les rêves revenaient plus souvent au fil des derniers mois jusqu'à être presque saturés de cette demie elfe. Elle avait donc laissé derrière elle ses occupations afin de voir par elle même celle qui troublait son repos.

Sous sa forme de Louve elle avait traversé des miles, le Val du Désert arride et ses terres inhospitalière, même pour un prédateur tel que le Loup et avait finit, au bout de quelques semaines, par arriver à Souflefeu.

Une intuition l'avait poussé à s'arrêter là, sous cet arbre et à attendre, en méditation, que son rêve debout arrive.
Pour patienter elle décida de remettre un peu d'ordre dans sa tenue et de brosser sa longue chevelure.

Elle marchait d'un pas nonchalant, perdue dans ses pensées, ses longs cheveux balayant sa taille au gré du vent chaud qui soufflait, levant de minuscules tornades de poussière sur le chemin. Elle ne savait pas quand elle reviendrait à SouffleFeu, ni même si elle y reviendrait. Peut être ne reverrait-elle jamais Estrel.
Elle ne savait même pas par où commencer pour trouver Elysand.

Elle avait décidé de voyager en continu jusqu'à Sableval, sans s'arrêter plus de quelques heures. Une fois arrivée, elle prendrait un peu de repos avant de commencer ses recherches. Mais pour l'heure, il lui importait de passer les frontières érithienne et d'arriver à sa destination aussi vite qu'il lui était possible: une menace sourde régnait étrangement sur les routes menant vers Palisandre, et elle préfèrait ne pas trop s'attarder.

Elle était toujours perdue dans ses songes lorsqu'elle aperçut la jeune femme, assise sous un arbre, sur le bord de la route, la fixant intensément. La connaissait-elle? S'étaient-elles déjà rencontrées par le passé? Pourquoi la regardait-elle de cette façon?
Elle resserra discrètement son poing sur la garde de sa dague, cachée dans les plis de sa tunique, et avança vers la jeune femme aussi naturellement qu'elle le pût.